Déroulé de fil rouge

A l’occasion de mon exposition,
je fais un déroulé du fil de mes pensées suivant l’accrochage réalisé à Strasbourg.
Cliquez sur les titres en gras et/ou vignettes pour voir les visuels en grand format.

MINI-MAXI

En plongeant dans le projet Maxi-Mini, je pars en exploration dans le microcosmos de notre corps. Traité à dessein sur des maxi formats, le corps vu par la science, “croyance d’aujourd’hui“, écrase de son poids et de sa présence toutes les autres interprétations du monde évoquées dans le dyptique Draco  et The little book which wants to rule the world…

Inspirée notamment par l’imagerie médicale par fluorescence, Glia, Tilt, The wild one et Bon appétit représentent principalement des neurones ou les cellules gliales à leur service. Mais, la liberté que ces toiles abstraites offrent à l’imagination, permet à chacun de se laisser transporter de l’explosion d’une supernova quelque part dans une belle galaxie aux profondeurs abyssales pour tutoyer quelques micro-organismes fluorescents !

Avec le polyptique Evolution associé à Giant, Supernova et Color Hole (supermassive) je rejoins le philosophe grec Anaxagore qui disait « Ce qui est visible ouvre nos regards sur l’invisible ». J’assume le côté infinitésimal du corps et de l’humain dans le grand tout de l’univers. J’examine les contrastes entre géant et infime et en reconnaît les forces. J’explore les matières et éléments fondamentaux, travaille sur l’énergie des corps, de tous les corps… et cherche ma place en me situant dans le grand céleste dans lequel je plonge avec une imagination sans limites.

Les sculptures A Slice of Univers et Extragalactic laissent l’esprit vagabonder vers des infinis tandis que Mandala pentagram 2585 et Follow your bliss essayent de trouver des voies possibles ici bas pour s’échapper tout en déroulant le fil d’Ariane sur le chemin… Poussière d’atome dans le grand tout, j’en viens à relativiser le sens et l’importance de beaucoup de choses… mini-maxi… et glisse ainsi en introspection.

INTROSPECTION

Après ce voyage hors de nos mondes je replonge avec humilité en moi-même avec le projet Introspection, qui résonne en écho avec ce qui vit en moi et m’ouvre des recherches sur les pistes à suivre pour élever l’âme… L’esprit : “terra incognita“ si proche et pourtant souvent incomprise, niée. Je pars à la découverte de mes moi.

Dans la série Mood, je découvre à la fois mon visage,  mon crâne et mon cerveau. Troublant de se reconnaitre tout en se découvrant. Mais mon ciboulot me semble étrangement vide et ne demande qu’à être rempli par les images évocatrices de certains états de mon esprit.
Poésie et simplicité de la vie, complexité de la technologie, fascination pour l’invisible qui devient visible.

etc…

Du crâne aux céphalées il n’y a qu’une lame. Je reste dans ma bulle pour les sculptures de têtes réduites Dolicrâne (Emile) et Crânopathy.

PHARMACOPOEIA

Je glisse naturellement vers le projet Pharmacopoeia et tous ses excès : entre ceux qui meurent d’overdose et ceux qui meurent faute de soins ; ceux qui ont besoin d’une prescription pour se sentir vivre et ceux qui en ont besoin pour vivre. Certains médecins tels des dealers, maintiennent leurs “patients“ sous ordonnance, tellement plus simple et rapide que de traiter les vraies causes du mal. Lobotomie légalisée. Les médicaments… pour le meilleur ou le pire ? Désacralisation jusqu’à l’utilisation en tant que simple matière. OD, Black Idea, Escape et Eat me m’interrogent sur l’utilité du médicament-systématique. Persuadée que parfois le corps peut savoir se battre sans médicament pour peu qu’on le conditionne correctement. Il faut croire en la force de l’esprit sur le corps, respecter et faire confiance en la nature… et être un peu patient.

Beef all natural me retourne l’estomac. A l’heure du bio (et fake-bio) comment distinguer pollution, engrais, désherbant pour le corps ?

Et que dire des effets secondaires parfois pires que le mal lui-même et tellement imprévisibles. Roulette russe. Bad side effects et Sad(e) Cantharide m’ouvrent les yeux mais je tache de garder un (petit) côté positif avec Quand même.

Toutes les drogues ouvrent des cases, libèrent des tensions, altèrent l’état de conscience mais elles peuvent aussi submerger et tuer à petit feu… question d’équilibre. Le corps contraint de jouer les funambules au dessus du vide…

NUDE

Tant qu’à être sur le fil autant y rester et le dérouler pour parler de déshabillés, d’habillés et de corps sensuels. Avec le projet Nude j’explore le corps nu, l’enveloppe.
Dans les séries Sensuality, Erotico Alphabet (quelques exemples ci-dessous) et le dyptique Tab♀♂ ( Tabo♀ et Tabo♂), j’assume le corps avec son côté primaire, simplement vivant, sans tabou, animal et tentateur avec tout ce qui est parade amoureuse et apparat. Et je touche aussi à l’érotisme qui nous distingue justement de l’animal dans notre rapport au corps.

Et j’ai aussi envie d’évoquer les tentations, le fragile équilibre qu’il faut trouver pour que le corps et l’esprit puissent s’exprimer pleinement, pour que les esprits acceptent les corps, les diverses réponses que les sociétés et cultures trouvent à imposer. Dans nos sociétés occidentales, l’intérieur du corps a beau être détaillé ou exposé sans complexe au nom de l’intérêt scientifique, l’enveloppe est encore sujette à des gènes, tabous, résidus de croyance monothéiste selon laquelle jouir de son corps ou l’exposer est un péché. Encore une fois on vit un télescopage entre le côté païen, la science et la religion. Et on en revient au début de mon propos… c’est le serpent qui se mord la queue, ou devrais-je dire le lézard ? !

C’est cette dualité entre le corps et l’esprit, la force de chacun que je cherche à explorer.

To be continued…